Comment j’aborde une nouvelle partition musicale :
par David BONNIN
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Je remarque tout de suite :
– Le nom de la pièce et de son compositeur.
– Le tempo (par exemple : noire = 120 ) ou vitesse du mouvement (par exemple : andantino)
– La métrique (2/4, ¾, 6/8, 2/2, 4/4 …) et la tonalité (Nombre de # ou de bémols à la clef = armature).
N.B. : tempo, métrique et tonalité peuvent changer pendant le déroulement de la pièce.
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Je survole des yeux la partition et je remarque :
– La forme (introduction, développement, conclusion…), avec les reprises, les signes de retour (al $) et la coda.
N.B. : la forme est très souvent basée sur des cycles de 2, 4 ou 8 de mesures.
– L’ambitus : Les notes extrêmes (la plus haute et la plus basse) pour chaque clef.
– Les intervalles importants m’obligeant à regarder le clavier
– La densité harmonique (nombre de notes jouées simultanément, accords) et densité rythmique, plus il y a des événements, plus la partition est chargée de notes, ce qui l’assombrit, on dit alors qu’elle se « noircit ».
A partir de tous ces éléments, je comprends l’intention du compositeur et sa démarche pour mettre en valeur sa mélodie.
De plus, je repère les endroits difficiles où il me faudra beaucoup plus d’attention. * Annotez vos partitions !
N.B.: plus je lis les notes en jouant, mieux j’entends la musique que je lis, et mieux je la joue.
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Au début, Il faut séparer la notion de hauteur de note (associée à un doigté) à la notion de rythme, on peut jouer les notes sans rythme.
Pour s’assurer du doigté, ensuite il suffit de les jouer en rythme avec le tempo. Avec l’habitude, ces 2 notions sont abordées simultanément
Je suis capable de lire les notes de cette partition à un tempo raisonnable (tempo noté au crayon de papier).
Si j’hésite sur le nom d’une note (toujours associée à un doigté), sur le rythme d’une phrase, il faut absolument isoler cette difficulté.
Je m’affranchis de cette difficulté dès que j’arrive à la lire (la chanter ou la jouer) 5 fois consécutives sans me tromper.
Dès que je me trompe, je recommence mes 5 fois sans erreur, mais je sais qu’après cette épreuve je ne me tromperais plus.
Pour maîtriser un rythme, il suffit que je le « dise » à haute voix avec le métronome.
Le métronome me donne une notion du temps, et je peux interpréter chaque battement comme une blanche (2/4), une noire pointée (3/4, 6/8), une noire (4/4, 2/4, 3/4), une croche (6/8 , 3/8, 5/8, 12/8…)
Donc, si mon rythme est basé sur des croches (noire pointée – croche), je pense en croches ainsi que le métronome. Si mon rythme est basé sur des doubles croches (croche pointée – double croche), je pense en doubles croches ainsi que le métronome. Progressivement, j’apprends à jouer des croches (2 croches par noire) et des doubles croches (2 doubles par croche = 4 doubles par noire) en pensant en noires ou en blanches.
N.B. : Je peux travailler le rythme n’importe où, en tapant le tempo d’une main et le rythme désiré avec l’autre main.
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Je n’ai pas touché mon instrument mais je sais exactement ce que je vais jouer
, et à quel tempo je « peux » le jouer, Le tempo maximum (noté au crayon) étant déterminé par le passage le plus difficile. A ce stade, il ne peut subsister que des problèmes d’ordre mécanique (technique instrumentale), petit à petit (de 5 en 5), j’augmente le tempo pour atteindre le tempo de la pièce.
Pour jouer facilement ce que je viens de lire en détail :
Avant de commencer à jouer, je relis les 4 premières mesures, et je lis toujours au moins 1 mesure en avance par rapport à ce que je joue.Je me sers constamment de mes 3 sens, mais surtout du toucher pour repérer et sentir sous mes doigts les notes que je vais jouer.
Plus mes doigts resteront en contact avec les touches, plus cela sera facile de passer d’une note à l’autre ou d’une position à l’autre, car mon esprit mémorise et associe à une position toutes les notes que je peux faire.
Je m’entraîne à retrouver des intervalles (ceux du morceau étudié par exemple) sans regarder mon clavier, ma main pivote autour du doigt pour permettre à l’autre doigt d’attraper la 2° note constituant l’intervalle. Puis, je contrôle à l’oreille, et enfin, quand je suis sûr de moi, je vérifie visuellement. Rapidement, je n’ai plus besoin de vérifier car mon oreille reconnaît de plus en plus d’intervalles.
En m’obligeant à ne pas regarder le clavier, sauf pour des intervalles importants, il me reste suffisamment d’énergie pour lire la musique, l’anticiper pour mieux l’interpréter et créer une émotion.
Le plus important, c’est d’entendre la mélodie (qu’elle soit à la MD ou à la MG), c’est elle qui guide le compositeur, l’interprète (que je suis), et surtout, l’auditeur…
Je joue la mélodie en rythme sans m’arrêter, même si je me trompe sur une note, je sais retomber sur mes pieds, même une mesure plus tard, ainsi, la mélodie ne perd pas sa cohérence.
Grâce à cette démarche, je m’oblige à lire rapidement la partition et à toujours me situer dans l’espace-temps de la partition. Comme dans la vie, je ne reviens jamais en arrière, mais j’apprends en prenant conscience de mes erreurs ; c’est pourquoi il est très important après chaque interprétation de faire le point sur les difficultés et les erreurs rencontrées. (Voir 6)
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Dès que je ressens vraiment la mélodie
et que je l’ai jouée sans difficulté, je peux me permettre de l’accompagner (le plus souvent à la MG). La mélodie reste le plus important, et elle ne doit pas s’arrêter quoi qu’il arrive… Grâce à cette démarche, je m’oblige à lire rapidement la partition et à accompagner du mieux possible ma mélodie, même si je me trompe sur une note, la mélodie continue et ne perd pas sa cohérence. Pour commencer, je peux ne jouer que les notes importantes de l’accompagnement (les blanches en 4/4 ou les noires pointées en ¾…) qui sont les fondations harmoniques de ma mélodie : mon fil conducteur.
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J’isole les difficultés et je m’en affranchis dès que j’arrive à la jouer 5 fois consécutives sans me tromper.
Dès que je me trompe, je repars pour 5 fois, (cela ne veut pas dire que je repars de zéro).
1- lentement et rubato, en vérifiant position, poids et détente sur chacune des touches, économie de mouvement, en respirant normalement.
2- a tempo, avec métronome à 60, avec la même vigilance que pour l’étape précédente.
Je sais qu’après cette épreuve, je ne me tromperais plus.
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Pour travailler les gammes et les exercices techniques :
Repérer la note de départ et celle d’arrivée, ainsi que le mouvement mélodique qui va se répéter tout le long de l’exercice.
Puis je joue sans regarder le clavier en Pensant toutes les notes jouées comme si je les voyais sur la partition, les prononcer au début si nécessaire.
8. Avant de jouer un morceau, j’applique les points 1 et 2 et avec l’habitude, j’analyse de plus en plus vite, et je ne me laisse plus surprendre par les difficultés. Chaque note ou groupe de notes est automatiquement associé à une position et à un doigté.
9. Pour se mettre dans les doigts un passage difficile,
J’intègre les bons mouvements en travaillant lentement, dans la détente et l’économie de mouvement. La position des poignets, des mains et des doigts, s’imposera d’elle-même. On s’aperçoit ainsi que les poignets sont souvent orientés vers l’extérieur, en écartant les coudes, ce qui donne plus de force aux doigts faibles (4° et 5° doigt), la tête de ces doigts faibles à la hauteur (voir au-dessus) des autres.
1- Travailler par empreintes, en vertical.
2- Même position transposée sur tous les octaves du clavier, puis renversée .
3- Déplacement en Fusée : passer d’une position à l’autre le plus vite possible, d’abord note par note, puis 2 notes…puis toutes les notes.
En Anticipation : avec un temps de réflexion tactile avant de jouer.
4- Aller et retour : passages DIFFICILES à travailler dans les 2 sens.
Pour les passages d’accords difficiles, les isoler par paires, faire tourner 4 mesures de chaque accord, puis 2, puis 1.
5- Le jouer les 2 mains à l’unisson si possible, avec une accentuation différente à chaque fois : piquer, lier, lourer…
Ainsi, je saisis mieux les nuances entre les différentes accentuations et j’accentue naturellement certaines notes pour embellir une phrase.
6- Pour ressentir le son du Piano et pouvoir faire des nuances naturellement.
– Jouer au fond du Piano en relâchant toutes les tensions du corps.
– doubler chaque note.
– Jouer les accords de la grille dans toutes les positions en chantant le thème puis en l’interprétant.
– MG seule en chantant le thème. Jouer 1 main, l’autre main en muet (position).
1 main contrastée en nuances sur l’autre main;
les 2 mains : p, mf, f …
* Une partition bien annotée ! (Humeur Piano)
- des doigtés difficiles : inutile d’indiquer tous les doigtés, sinon cela devient illisible et inutile !
- des indications de pédale : parfois la façon de jouer avec la pédale est assez évidente, mais ce n’est pas toujours le cas.
- des nuances : en plus de celles du compositeur, vous pouvez indiquer vos propres nuances. Certains compositeurs n’en mettent pas du tout et laissent le choix à l’interprète.
- des mises en évidence (entourées, fluorées, …) de passage difficiles, de nuances, … afin d’attirer l’attention dessus.
- des exercices que vous avez fait, ou allez faire, pour travailler ce morceau.
- la date à laquelle vous avez commencé le morceau : cela vous permettra de voir vos progrès facilement.
Au niveau du solfège :
Au minium :
- La lecture rapide des notes.
- La lecture des notes superposées.
- et surtout la reconnaissance rythmique car sans cela, la mélodie n’a aucun sens.
Ensuite :
- Savoir reconnaître la tonalité d’un morceau
- Maîtriser toutes les tonalités majeures et mineures (dans ce domaine, plus on approfondie plus on est efficace, par contre il faut réellement avoir une méthodologie car il ne suffit pas de savoir monter ou descendre les gammes dans toutes les tonalités, il faut largement davantage d’étapes et de recherches afin d’obtenir un côté naturel dans chaque tonalité).
- Lire les notes superposées ne signifie pas reconnaître l’harmonie et pourtant il faut savoir le faire et le rapidement possible, et j’allais dire, le plus naturellement possible également. Il faut donc savoir lire les notes superposées mais aussi les reconnaître en tant qu’harmonie.
- Les dièses, les bémols et les bécarres (altérations ou non altération lorsqu’il s’agit du bécarre) peuvent s’alterner dans les partitions et il faut apprendre à ne pas se faire piéger dans ce domaine. En effet, il faut tout de suite traduire ce que l’on voit, c’est-à-dire une note altérée ou pas, une altération qui change à l’intérieur d’un accord, en l’appliquant tout de suite sur l’instrument.
- Repérer la forme ou structure grâce aux signes de reprise, ainsi que les nuances.
coordination et rythme :